CHAPITRE 4 - COUP DE BLUES Les mois suivants

CHAPITRE 4 - COUP DE BLUES

Les mois suivants furent brutaux pour Phil.

Des journées longues, un téléphone quasi-muet, des visites qui s’espaçaient au fil des jours et une maison vide, désespérément vide depuis que son ex avait en toute logique obtenu la garde des enfants. Par précaution, le juge lui accorda également la garde du chat.

Il profita de ces quelques semaines pour essayer de récupérer des uppercuts que représentaient ses raclées électorales et privées consécutives, il lut beaucoup, fit un peu de vélo mais le cœur n’y était pas. Il entrevoyait l’arrivée du prochain hiver avec inquiétude, l’arrivée des pluies, du froid, de la solitude.

Il avait du mal à se projeter en s’imaginant passer ses après-midi dans une société de boules de fort ou tapant le carton, enchaînant les parties de belote jusqu’à la soupe du soir…D’autant plus difficile qu’il avait promis monts et merveilles aux responsables de ces associations ou clubs quant à la réfection des pistes, des peintures ou du chauffage sans pour autant faire quoi que ce soit !

Il bénéficia bien de l’apitoiement d’anciens contacts, se vit proposer un vague poste de chargé de mission mais le cœur n’y était pas, n’y était plus.

Il avait bel et bien été viré du sérail.

Comme bien souvent dans ce cas là, il ne résista pas à l’appel de la bouteille.

Une nuit, complètement saoul, il sonne à la porte d’un pavillon. Le propriétaire, furieux, se lève et le reconnaissant lui demande :

- Que voulez-vous ?

- Viens me pousser ! Il faut que tu viennes me pousser !

Excédé, l’homme le rabroue :

- Il est trois heures du matin, tu me réveilles pour me dire de te pousser ! Ça va pas ? Fous-moi le camp !

Il se recouche mais sa femme qui a tout entendu le sermonne :

- Quand même, tu exagères. D’accord, c’est l’ancien maire, tu n’as jamais pu le voir mais maintenant, il est viré ! Ca ne t’est jamais arrivé de tomber en panne la nuit ? C’est un pauvre type mais tu aurais pu le pousser quand même !

- Ouais mais il fait froid et en plus il est bourré !

- Raison de plus pour l’aider, il n’y arrivera pas tout seul. Non, là, je ne te reconnais pas, je suis déçue par ton attitude !

Pris de remord, le mari se rhabille et descend. Il ouvre la porte, ne voyant rien dans la nuit, dit :

- Eh ! C’est d’accord, je vais te pousser ! Tu es où ?

Il entend Phil lui répondre :

- Là, sur la balançoire !

Ses apparitions dans le village se faisaient rares, il rasait les murs…La déprime n’était pas loin, la boite de Prozac ® non plus. De plus en plus fréquemment il repensait, nostalgique, aux années passées, à ses activités et surtout à toutes ces personnes qu’il fréquentait dans le cadre de ses mandats d’élu. Le fait d’avoir dû rendre son téléphone de fonction, ne plus bénéficier des notes de frais et autres avantages liés à la fonction le chagrinaient également beaucoup.

La machine à remonter le temps fit son œuvre et au-delà des évènements récents, il repensait aux élus rencontrés au fil du temps mais aussi, et de plus en plus souvent, à des copains d’école, d’armée, à des rencontres faites lors de formations…En consultant de vieux répertoires, il retrouvait des noms, des adresses, des numéros de téléphone et au-delà, des images.

Il se mit tant bien que mal devant un ordinateur, il n’y avait plus personne pour lui préparer les courriers, les dossiers ou effectuer des recherches. Il fit néanmoins des efforts méritoires, bien aidé il est vrai par son épais et précieux livre jaune et noir " L’informatique pour les nuls ". Il vouait une reconnaissance sans limites aux auteurs, presque persuadé qu’il était, que ce livre était du sur-mesure à son intention.

Les débuts furent laborieux. Un jour qu’il voulut protéger un document, une boite de dialogue s’afficha à l’écran : " Veuillez saisir un mot de passe ".

Fidèle à lui-même et peut-être en souvenir de ses indélicatesses passées, il tapa le mot " Pénis ".

Il fut stupéfait de voir s’afficher le message suivant : " Désolé, pas assez long " !

Il s’acharna des journées entières, trouva que la marche était haute à franchir entre son bon vieux Minitel ® et cet engin plus moderne. Les progrès suivirent malgré tout et quelques jours plus tard il était arrivé au bout de ses recherches. Le tout fut soigneusement rangé dans une pochette.

Sa décision était prise.

A SUIVRE...à bientôt !

N'hésitez pas à faire connaître ce blog et vous avez toujours la possibilité de laisser des messages ici ou sur la messagerie du livre : laroutedurire2016@gmail.com

Merci !